Transition énergétique : le grand paradoxe des territoires
Premier Observatoire Idex-Ipsos de la Transition Énergétique : si 92% des décideurs territoriaux se disent prêts à agir, les freins persistent. Entre dispositifs sous-utilisés et fractures territoriales inattendues, l'étude révèle le contradictions d'une transformation en marche.
Volontaires mais contraints
Prêts mais démunis ? C'est le surprenant constat que dresse l'Observatoire Idex- Ipsos de la Transition Énergétique des Territoires. Alors que 92% des décideurs territoriaux se déclarent prêts à relever le défi de la transition énergétique, ils sont tout aussi nombreux (92%) à pointer le manque de moyens financiers comme frein principal à leur action. Un paradoxe qui illustre parfaitement la complexité du défi auquel font face nos territoires.
Des dispositifs efficaces mais sous- utilisés
Cette contradiction n'est pas la seule que révèle cette première édition de l'Observatoire. Comment expliquer que le Fonds Chaleur, plébiscité avec 100% de satisfaction par ses utilisateurs, ne soit mobilisé que par 40% des collectivités ?
Un écart qui interroge sur la lisibilité des dispositifs de soutien, pourtant nombreux et efficaces. Le Fonds Vert et les subventions européennes affichent également des taux de satisfaction remarquables (respectivement 93% et 95%), mais leur utilisation reste en deçà de leur potentiel.
L'écart entre action et perception
Plus intrigant encore : si 100% des collectivités sont engagées dans au moins un chantier de transition énergétique, seules 59% d'entre elles considèrent ce sujet comme une priorité électorale pour 2026. Un décalage qui questionne la perception des enjeux entre décideurs et citoyens, et qui pourrait freiner l'ampleur des actions engagées. Cette disparité s'accentue selon la taille des territoires : dans les grandes villes, 68% des élus anticipent une forte attente des électeurs sur ces questions, contre 57% dans les plus petites communes.
La taille ne fait pas la performance
L'étude met également en lumière une fracture territoriale inattendue : ce ne sont pas toujours les plus grandes villes qui se montrent les plus avancées. Les communes de taille moyenne (10 000 à 20 000 habitants) affichent parfois des taux d'engagement supérieurs sur certains projets, bousculant les idées reçues sur la capacité d'action des territoires. Un constat qui invite à repenser les modalités d'accompagnement des collectivités.
Le piège de la complexité
La complexité administrative, citée par 84% des répondants comme un frein majeur, révèle un autre paradoxe : alors que les dispositifs d'accompagnement n'ont jamais été aussi nombreux, leur multiplication semble même créer un effet paralysant. Les collectivités se trouvent confrontées à un défi d'ingénierie, avec 74 % d'entre elles qui pointent le manque de capacités techniques comme obstacle à leurs projets.
Des signes d'accélération encourageants
Pourtant, des solutions émergent. Comme le souligne Benjamin Frémaux, Président d'Idex : «En cinq ans, nous sommes passés de 2 à 40 compétitions annuelles de réseaux de chaleur. Cette accélération spectaculaire témoigne d'une réelle prise de conscience, renforcée par la crise énergétique. » Une dynamique qui démontre la capacité des territoires à se mobiliser rapidement quand les conditions sont réunies.
L'Observatoire révèle ainsi un paysage en pleine mutation, où les contradictions apparentes masquent peut-être les prémices d'une transformation profonde de nos territoires. Entre volontarisme et contraintes, entre ambitions et réalités opérationnelles, les collectivités cherchent leur voie vers la décarbonation.